Chronique
Opération "fiches propres" au Brésil
par Jean-Pierre Langellier
C'est une pétition impressionnante, et inédite au Brésil. Plus d'un million et demi d'électeurs l'ont signée ; plus de trois millions l'ont appuyée sur Internet. Et cette initiative populaire, prévue par la Constitution, est devenue une loi, votée à l'unanimité par les députés et sénateurs. Une loi anticorruption, au nom symbolique : ficha limpa - "fiche propre", en français.Que dit-elle ? Toute personnalité politique condamnée en première instance par un collège de magistrats - la sentence d'un seul juge ne suffit pas - pour corruption électorale, achat de votes ou malversation sera inéligible pendant huit ans. Cette sanction frappera aussi les petits malins qui, jusqu'ici, démissionnaient de leur poste pour échapper à la justice.L'adoption de la loi "fiche propre" est une victoire politique et morale spectaculaire de la société civile dans un pays où la corruption et ses corollaires - népotisme, clientélisme, favoritisme - gangrènent la vie publique du haut en bas de l'échelle, des ministres aux plus modestes conseillers municipaux. L'opinion a fait savoir avec éclat qu'elle ne veut plus être représentée par des élus à la "fiche sale".Tout commence en septembre 2009 lorsque le Mouvement de lutte contre la corruption électorale (MCCE), un réseau de 44 associations, dépose sa pétition devant la Chambre des députés à Brasilia. Une démarche soutenue par l'Eglise et par de nombreux journaux. Deux mois plus tard, des vidéos accablantes montrent le gouverneur du district fédéral de Brasilia, José Roberto Arruda, un membre de l'opposition, recevant de grosses liasses de billets. Il démissionnera et passera deux mois en prison.Cette énième affaire légitime un peu plus la croisade citoyenne dont l'ampleur prend de court la classe politique. Elle est popularisée sur Internet par le site Avaaz....Read More...
[Source: English Blog]
No comments:
Post a Comment